14 avril 2020 - Catherine Plasse-Ferland
Le monde du travail vit en ce moment de profondes transformations. Forcés à s’adapter au contexte de la distanciation sociale, les organisations, les équipes et les individus doivent développer de nouveaux réflexes et vivent des situations inédites. Quatre aspects amènent particulièrement à évolution.
1. Composer avec l’absence de planification
Face à un contexte de pandémie dont on ne connait pas encore la date de fin au niveau local, national et international et à la perspective d’une deuxième vague à l’automne peut-être, il est difficile d’avoir un plan clair. Les organisations habituées à fonctionner avec un plan d’action établi et décidé un an d’avance se retrouvent maintenant face à deux scénarios :
- S’épuiser à prévoir les plan A, B, C et D, qui, on s’en doute fort probablement, ne tiendront plus la route dès que de nouveaux éléments se présenteront
- Lâcher prise et naviguer à vue, sur le prochain pas et celui d’ensuite, avec une équipe solide comme premier atout
Des nuances existent bien entendu dans ce spectre. Reste qu’ici, la capacité d’adaptation des organisations, équipes et individus est testée sur tous les plans : outils de travail, relations humaines, capacités organisationnelles, etc.
2. Les masques tombent
Ceux qui le peuvent ou ont cette chance, travaillent maintenant de la maison en télétravail. Les rencontres se font en téléconférence, depuis le coin de la table de la cuisine ou de l’endroit le plus calme et adapté qui soit disponible. Bien que la charge de travail n’ait pas nécessairement diminuée, voire même augmentée, étonnamment ici, la distance rapproche : un chat passe devant l’écran d’une collègue au beau milieu d’une rencontre de travail. Un bébé pleure de l’autre côté. Un enfant qui a faim réclame son parent. Tout ça sous les yeux des collègues, qui n’ont d’autre choix que de sourire à cette humanité partagée. A cette ouverture à notre vraie nature. Les vestons sont pour la plupart disparus, remplacés par les t-shirts ou vêtements confortables. On voit même apparaitre les fameux « cotons ouatés ». Ici, étonnant paradoxe, la distanciation rapproche. Les masques tombent. Le virtuel relie.
3. Le sens au travail – raison d’être évolutive
Alors que des professions sont maintenant reconnues comme étant des « services essentiels », on assiste à un véritable bouleversement du marché du travail, tant au niveau de la demande, des conditions salariales, de la reconnaissance collective de certaines professions et du sens donné à son propre labeur.
Entre autres exemple, il n’aura jamais fait autant de sens de conduire un camion réfrigéré avec fruits et légumes à son bord, d’être commis d’épicerie ou livreur. Et que dire des professions du domaine de la santé et du soutien communautaire.
4. La confiance comme seule option
Dans le contexte du virtuel et de distanciation, le contrôle autoritaire des équipes devient difficile et n’est plus mesuré à la présence physique des travailleurs dans leur espace de travail. Il devient très prenant pour un gestionnaire, en terme d’énergie et de temps, de faire partie des comités de décisions en plus d’exercer un contrôle serré sur ses équipes. La confiance se présente ici l’option la plus facile. Faire confiance que les gens donnent ce qu’ils peuvent et contribuent à faire avancer l’organisation et les projets dans la mesure de leur contexte et de leur capacité.